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Souvenirs de Grimonprez-Jooris – 28/05/2012Classé dans : Actu, France
Alors que le LOSC s’apprête à entrer dans le Grand Stade, plongée dans l’histoire de son ancienne enceinte, Grimonprez-Jooris, détruite en 2010.
Les panneaux de signalisation sont toujours là : « Stade Grimonprez-Jooris ». Dernier vestige de la présence de l’enceinte lilloise, au pied des remparts de la Citadelle Vauban, le long du canal de la Deûle. Détruit en 2010, Grimonprez-Jooris a accueilli le LOSC pendant près de 30 ans. Une longue histoire, commencée dans la précipitation et terminée sans le vouloir.
Au milieu des années 70, pour permettre l’agrandissement du canal de la Deûle, le stade Henri-Jooris, où évolue le club lillois depuis le début du siècle, doit être démoli. Il faut en construire un nouveau, presque en catastrophe, à l’emplacement du petit stade Grimonprez. « Le Stadium Nord avait été construit en même temps, mais Pierre Mauroy, tout juste élu maire de Lille (en janvier 1973), a refusé que le LOSC aille jouer à Villeneuve d’Ascq », explique Patrick Robert, président de LOSC Lille-Métropole Association.
Le stade Grimonprez-Jooris – les dirigeants du LOSC ont voulu conserver le nom d’Henri Jooris, ancien dirigeant du club – voit le jour dans des délais records. L’enceinte moderne de 25 000 places est inaugurée en octobre 1975. « Tout était différent, c’était une autre dimension, se souvient Tony Gianquinto, joueur du LOSC à l’époque. On a été projetés dans une autre génération de football. Les prémices de ce que l’on voit aujourd’hui. »
« Quand on était près du panneau Castorama, on savait qu’on était à 30 mètres de nos buts. »
Vestiaires et douches spacieux, sauna, piscine, meilleur éclairage, et surtout une pelouse de qualité. « À Henri-Jooris, à partir de mars, il n’y avait plus d’herbe sur toute la partie centrale, d’un but à l’autre, rigole Tony Gianquinto. À Grimonprez, notre qualité de jeu a tout de suite été différente. C’était un autre outil de travail. » Il faut toutefois s’adapter à un environnement nouveau. « À Henri-Jooris, on avait nos repères par rapports aux marques de publicité, explique l’ancien défenseur. Quand on était près du panneau Castorama, on savait qu’on était à 30 mètres de nos buts. Grimonprez-Jooris était plus large et plus long. Ça a posé problème. »
Le déménagement a aussi un impact sur le public. « Henri-Jooris était un stade à l’anglaise, ça résonnait, indique Jacques Verhaeghe, historien du club. Les supporters sont passés à un stade en béton, plus froid. » « On n’a jamais retrouvé la même ambiance qu’à Henri-Jooris, où les gens tapaient sur les planches pour faire du bruit, reprend Tony Gianquinto. Mais c’était un bon stade. On avait une relation directe avec le public, qui était proche du terrain. »
À son entrée à Grimonprez, le LOSC n’est plus l’ogre du football français qu’il était dans l’après-guerre. Depuis la fin des années 50, il fait l’ascenseur entre première et deuxième division. Malgré quelques sursauts épisodiques, Grimonprez-Jooris a vécu peu de beaux moments sportifs. « C’est le stade qui a couvert les 30 ans les plus moyens de l’histoire du LOSC », affirme même Patrick Robert, qui y a passé de nombreuses années en tant que dirigeant.
Quelques coups d’éclats, malgré tout. Comme le record d’affluence enregistré à Grimonprez, le 1er avril 1979, contre le grand Saint-Etienne. 26 000 spectateurs s’étaient tassés dans l’enceinte. « On avait ajouté des pontons avec des chaises sur tout le pourtour du stade, se souvient Jacques Verhaeghe, alors en charge de l’organisation. Ce ne serait plus possible aujourd’hui pour des raisons de sécurité. » La capacité du stade sera plus tard réduite à 17 000 spectateurs.
En 1985, en seizième de finale de la Coupe de France, le LOSC affronte Bordeaux, champion de France en titre. Battus à l’aller (3-1), les Dogues réalisent un match incroyable au retour, renversent la situation et écrasent les Girondins, 5-1 après prolongation. Un éclair dans la grisaille d’une équipe de bas de tableau, traversée par de multiples problèmes administratifs, finalement reléguée en deuxième division en 1997.
Le début d’un purgatoire difficile de trois ans. Le LOSC, proche du National, rebondit avec Vahid Halilhodzic. Remonté en D1, Lille se qualifie, pour la première fois de son histoire, pour la Ligue des Champions. Mais Grimonprez-Jooris, malgré la construction d’un niveau supplémentaire au dessus de la tribune Seconde, n’est pas aux normes européennes. Un comble, c’est à Félix-Bollaert, le stade du voisin et rival lensois, que le LOSC dispute la prestigieuse compétition continentale en 2001. L’idée d’un nouveau stade renaît. Nouveau chapitre
Ambitieux, le LOSC veut se doter d’une arène en adéquation avec ses idées de grandeur. La question du Grand Stade devient un serpent de mer. Le premier projet, un agrandissement de Grimonprez-Jooris à 33 000 places, est annulé par la cour administrative d’appel de Douai en 2005. En cause, la proximité de la citadelle Vauban. Un an plus tôt, les Dogues croyaient faire des adieux temporaires à leur stade. Ils y disputaient en réalité leur dernier match.
« Lorsque le club a quitté Grimonprez-Jooris pour le Stadium Nord, c’était censé n’être que pour six ou sept mois, glisse Jacques Verhaeghe. Mais il n’y est jamais revenu. » Il faut repartir sur un autre projet. Grimonprez-Jooris est laissé à l’abandon. Après avoir étudié l’hypothèse de le reconvertir pour le rugby, la communauté urbaine décide finalement de sa destruction, en 2010. À la place, une « plaine des sports » devrait voir le jour.
Après huit saisons d’emprunt au Stadium, le LOSC s’apprête à entrer dans le Grand Stade cet été. Le bout du tunnel. Une enceinte de 50 000 places, l’une des plus modernes d’Europe, située à Villeneuve d’Ascq. Un nouveau chapitre que le club lillois espère glorieux. Il s’en est donné les moyens. La page Grimonprez-Jooris, stade au destin étrange, qui n’aurait jamais dû être édifié là où il l’a été, peut être définitivement tournée.
GRIMONPREZ-JOORIS EN DATES
28 octobre 1975 : Inauguration, Lille 1-1 Feyenoord Rotterdam. 1er avril 1979 : Record d’affluence, Lille – Saint-Etienne, 26 000 spectateurs. Juin 2003 : Lancement du projet Grimonprez-Jooris II d’agrandissement à 33 000 places. 15 avril 2004 : Dernier match, Lille 2-0 Bastia. Juillet 2005 : Annulation du permis de construire de Grimonprez-Jooris II. Janvier 2007 : La communauté urbaine annonce la destruction du stade, qui doit être remplacé par une plaine de sports. 22 mars 2010 : Début des travaux de démolition. Avril 2011 : Fin des travaux de démolition.
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